RABELAIS, Pantagrueline Prognostication, d'après l'édition de 1535.

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Pantagrueline

Prognostication

 

Certaine, veritable & infaillible

pour l'an perpetuel.

 

Nouvellement composée au prouffit & advisement de gens

estourdis & musars de nature,

 

Par maistre Alcofribas,

architriclin dudict Pantagruel.

 

Du nombre d'or non dicitur, ie n'en trouve point ceste année quelque calculation

que ien aye faict, passons oultre.

Verte folium.

 

Au liseur benivole Salut & Paix en Iesus le Christ.

Considerant infiniz abus estre perpetrez à cause d'un tas de Prognostications de Louvain faictes à l'ombre d'un verre de vin, ie vous en ay presentement calculé une la plus sceure & veritable que feut oncques veue, comme l'experience vous le demonstrera.

Car sans doubte veu que dict le Prophete Royal, Psal. v. à Dieu "Tu destruyras tous ceulx qui disent mensonges", ce n'est legier peché de mentir à son escient & abuser le pauvre monde curieux de sçavoir choses nouvelles. Comme de tout temps ont esté singulierement les Françoys, ainsi que escript Cesar en ses Commentaires, & Iean de Gravot on Mythologies Gallicques. Ce que nous voyons encores de iour en iour par France, où le premier propos qu'on tient à gens fraischement arrivez sont.

"Quelles nouvelles? sçavez vous rien de nouveau? Qui dict? qui bruyt par le monde?"

Et tant y sont attentifz, que souvent se courroussent contre ceulx qui viennent de pays estranges sans apporter pleines bougettes de nouvelles, les appellant veaulx & idiotz.

Si doncques comme ilz sont promptz à demander nouvelles autant ou plus sont ilz faciles à croire ce que leur est annoncé, debvroit on pas mettre gens dignes de foy à gaiges à l'entrée du Royaulme qui ne serviroyent d'aultre chose sinon d'examiner les nouvelles qu'on y apporte, & à sçavoir si elles sont veritables?

Ouy certes. Et ainsi a faict mon bon maistre Pantagruel par tout le pays de Utopie, & Dipsodie. Aussi luy en est il si bien advenu & tant prosperé son territoire, qu'ilz ne peuvent de present avanger à boyre, & leur conviendra espandre le vin en terre, si d'ailleurs ne leur vient renfort de beuveurs & bons raillars.

Voulant doncques satisfaire à la curiosité de tous bons compaignons, iay revolvé toutes les Pantarches des cieulx, calculé les quadratz de la Lune, crocheté tout ce que iamais penserent tous les astrophiles, hypernephelistes, Anemophylaces, Uranopetes, & Ombrophores, & conferé du tout avecques Empedocles, lequel se recommande à vostre bonne grace. Tout le tu autem ay icy en peu de chapitres redigé, vous asseurant que ie n'en dis sinon ce que ien pense, & n'en pense sinon ce que en est, & n'en est aultre chose pour toute verité que ce qu'en lirez à ceste heure. Ce que sera dict au parsus, sera passé au gros tamys à tors & à travers, & par adventure adviendra, par adventure n'adviendra mie.

D'un cas vous advertys. Que si ne croyez le tout vous me faictes un maulvais tour, pour lequel ycy ou ailleurs serez tres griefvement puniz. Les petites anguillades à la saulse de ners bovins ne seront espargnées suz vos espaules: & humez de l'air comme de huytres tant que vouldrez. Car hardiment il y aura de bien chauffez, si le fournier ne s'endort.

Or mouchez voz nez petitz enfans: & vous aultres vieux resveurs affutez voz bezicles & pesez ces motz au pois du Sanctuaire.

 

Du gouvernement & seigneur

de ceste année.

Chapitre premier.

Quelque chose que vous disent ces folz Astrologues de Louvain, de Nurnberg, de Tubinge & de Lyon, ne croyez que ceste année y aie aultre gouverneur de l'universel monde que Dieu le createur, lequel par sa divine parolle tout regist & modère, par laquelle sont toutes choses en leur nature & proprieté & condition, & sans la maintenance & gouvernement duquel toutes choses seroient en un moment reduictes à neant comme de neant elles ont esté par luy produictes en leur estre.

Car de luy vient, en luy est, & par luy est se parfaict tout estre, & tout bien: toute vie & mouvement, comme dict la trompette evangelicque monseigneur sainct Paul Ro. xi. Doncques le gouverneur de ceste année & toutes aultres selon nostre veridicque resolution sera dieu tout puissant. Et ne aura Saturne, ne Mars, ne Iupiter, ne aultre planète, certes non les anges, ny les saincts, ny les hommes, ny les diables, vertuz, efficace, puissance, ne influence aulcune si Dieu de son bon plaisir ne leur donne.

Comme dict Avicenne que les causes secondes ne ont influence ne action aulcune si la cause première ny influe: dict il pas vray, le petit bon hommet?

 

Des ecclipses de ceste année.

Chapitre ii.

Ceste année seront tant d'ecclipses du Soleil & de la Lune que iay peur (& non à tort) que noz bourses en patiront inanition & nos sens perturbation. Saturne sera retrograde. Venus directe. Mercure insconstant. Et un tas d'aultres planètes ne iront pas à vostre commendement.

Dont pour ceste année les chancres iront de cousté, & les cordiers à reculons, les escabelles monteront sur les bancs, les broches sur les landiers & les bonnetz sus les chapeaulx, les coissins se trouveront au pied du lict, les couilles pendront à plusieurs par faulte de gibessières, les pusses seront noires pour la plus grande part, le lard fuyra les pois en quaresme: le ventre ira devant, le cul se assoira le premier, l'on ne pourra trouver la febve au gasteau des Roys, l'on ne rencontrera point d'as au flux, le dez ne dira point à soubhait quoy qu'on le flate, et ne viendra souvant la chance quon demande, les bestes parleront en divers lieux.

Quaresmeprenant gaignera son procès, l'une partie du monde se desguisera pour tromper l'autre, & courront parmy les rues comme folz & hors du sens, l'on ne veit oncques tel desordre en nature. Et se feront ceste année plus de xx & ii verbes anormaulx sy Priscian ne les tient de court.

Si dieu ne nous ayde nous aurons prou d'affaires, mais au contrepoinct, s'il est pour nous, rien ne nous pourra nuyre, comme dict le celeste astrologue, qui feut ravy iusques au ciel, Ro. vii. c. Si deus pro nobis, quis contra nos? Ma foy nemo domine, Car il est trop bon & trop puissant. Icy benissez son sainct nom, pour la pareille.

 

Des maladies de ceste année.

Chapitre iii.

Ceste année les aveugles ne verront que bien peu, les sourdz oyront assez mal: les muetz ne parleront guières: les riches se porteront un peu mieulx que les pauvres, & les sains mieulx que les malades.

Plusieurs moutons, boeufz, pourceaulx, oysons, pouletz & canars, mourront & ne sera sy cruelle mortalité entre les cinges & dromadaires.

Vieillesse sera incurable ceste année à cause des années passées.

Ceulx qui seront pleureticques auront grand mal au cousté, ceulx qui auront flus de ventre iront souvent à la celle percée, les catharres descendront ceste année du cerveau es membres inferieurs. Le mal des yeulx sera fort contraire à la veue, les aureilles seront courtes & rares en Guascogne plus que de coustume.

Et regnera quasi universellement, une maladie bien horrible, & redoubtable: maligne, perverse, espoventable et mal plaisante, laquelle rendra le monde bien estonné, & dont plusieurs ne sçauront de quel boys faire fleches, & bien souvent composeront en ravasserie, syllogisans en la pierre philosophalle & es aureilles de Midas. Ie tremble de peur quand ie y pense, car ie vous diz quelle sera epidemiale & lappelle Averroys vii colliget. faulte d'argent.

Et attendu le comète de lan passé & la retrogradation de Saturne, mourra à l'hospital ung grand marault tout catharré & croustelevé. A la mort duquel sera sedition horrible entre les chatz & les ratz, entre les chiens & les lievres, entre les faulcons & canars, entre les moines & les oeufz.

 

Des fruictz & biens croissant de terre.

Chapitre iiii.

Ie trouve par les calcules de Albumasar, on livre De la grande coniunction & ailleurs, que ceste année sera bien fertile avecques planté de tous biens à ceulx qui auront de quoy.

Mais le hobelon de Picardie craindra quelque peu la froidure, l'avoine fera grand bien es chevaux: il ne fera guères plus de lart que de pourceaux à cause de Pisces ascendant, il sera grand année de caquerolles.

Mercure menasse quelque peu le persil, mais ce nonobstant il sera à pris raisonnable.

Le soucil & l'ancholye croistroient plus que de coustume, avecques abondance de poyres d'angoisse.

De bledz, de vins, de fruitages & legumages on n'en veit oncques tant si les soubhaitz des pauvres gens sont ouys.

 

De l'estat d'aulcunes gens.

Chapitre v.

La plus grande folie du monde est de penser qu'il y a des astres pour les Roys, Papes, & gros seigneurs, plustost que pour les pauvres & souffreteux, comme si nouvelles estoilles avoient esté créez depuis le temps du deluge, ou de Romulus, ou Pharamond à la nouvelle creation des Roys: ce que Triboulet, ny Cailhette, ne diroient: qui ont esté toutesfoys gens de hault sçavoir & grand renom.

Et par adventure en l'arche de Noé, ledict Triboulet estoit de la lignée des Roys de Castille, et Cailhette du sang de Priam, mais tout ceste erreur ne procède que par deffault de vraie foy catholicque.

Tenant doncques pour certain que les astres se soucient aussi peu des Roys comme gueux, & des riches comme des maraux, ie laisseray es aultres folz pronosticqueurs à parler des Roys & riches, & parleray des gens de bas estat.

Et premierement des gens soubmis à Saturne, comme gens despourveuz d'argent, ialoux, resveurs, mal pensans, soubsonneux, preneurs de taulpes, usuriers, rachapteurs de rentes, tyreurs de rivetz, tanneurs de cuirs, tuilliers, fondeurs de cloches, composeurs d'empruns, rataconneurs de bobelins, gens melancholicques, na'uront en ceste année tout ce qu'ilz voudroient bien, ilz s'estudiront à l'invention saincte croix, ne getteront leur lart aux chiens: & se grateront souvent là où il ne leur demange poinct.

A Iupiter comme cagotz, caffars, botineurs, porteurs de rogatons, abbreviateurs, scripteurs, copistes, bulistes, dataires, chiquaneurs, caputons, moines, hermites, hypocrites, chatemittes, sanctorons, patepellues, torticollis, barbouilleurs de papiers, prelinguans, esperrucquetz, clercz de greffe, dominotiers, maminotiers, patenostriers, chaffoureus de parchemin, notaires, raminagrobis, portecolles, promoteurs, se porteront selon leur argent. Et tant mourra de gens d'esglise qu'on ne pourra trouver à qui conferer les benefices, en sorte que plusieurs en tiendront deux, troys, quatre, & davantage. Caffarderie fera grande iacture de son antique bruyt, puisque le monde est devenu maulvais garson, & n'est plus guères fat, ainsi comme dit Avenzagel.

A Mars comme bourreaux, meurtriers, adventuriers, brigans, sergeans, records de tesmoings, gens de guet, mortepayes, arracheurs de dens, coupeurs de couilles, barberotz, bouchiers, faulx monnoieurs, medicins de trinquenique, tacnins & marranes, renieurs de dieu, allumetiers, boutefeux, ramonneurs de cheminée, franctaupins, charbonniers, alchimistes, coquassiers, grillotiers, chercuitiers, bimbelotiers: manilliers, lanterniers, maignins feront ceste année de beaux coups, mais aulcuns d'iceulx seront fort subiectz à recepvoir quelque coup de baston à l'emblée. Un des sudictz sera ceste année faict evesque des champs donnant la benediction avec les pieds aux passans.

A Sol comme beuveurs, enlumineurs de museaulx, ventres à poulaine, brasseurs de bière, boteleurs de foing, portefaix, faulcheurs, recouvreurs, crocheteurs, emballeurs, bergiers, bouviers, vachiers, porchiers, oizilleurs, iardiniers, grangiers, cloisiers, gueux de l'hostiare, gaignedeniers, degresseurs de bonnetz: emboureurs de batz, loqueteurs, claquedens, crocquelardons, generalement tous portans la chemise nouée sur le dos: seront sains & alaigres & n'auront la goutte es dentz quand ilz seront de nopces.

A Venus comme putains, maquerelles, marioletz, bougrins, bragars, napleux, eschancrez, ribleurs, rufiens, caignardiers, chamberières dhostelerie, nomina mulierum desinentia in ière, ut lingière, advocatière, tavernière, buandière, frippière seront ceste année en reputation, mais le Soleil entrant en Cancer & aultres signes se doibvent garder de verolle, de chancre, de pisses chauldes, poullains grenetz etc. Les nonnains à poine concepvront sans penetration virile, bien peu de pucelles auront en mamelles laict.

A Mercure, comme pipeurs, trompeurs, affineurs, theriacleurs, larrons, meusniers, bateurs de pavé, maistre es ars, decretistes, crocheteurs, harpailleurs, rimasseurs, basteleurs, ioueurs de passe passe, enchanteurs, vielleurs, poètes, escorcheurs de latin, faiseurs de rebus, papetiers, cartiers, bagatis, escumeurs de mer feront semblant de estre plus ioyeulx que souvent ne seront, quelque foys riront lors que n'en auront talent, & seront fort subiectz à faire bancques rouptes s'ilz se trouvent plus d'argent en bourse que ne leur en fault.

A la lune, comme bisouars, veneurs, chasseurs, asturciers, faulconniers, courriers, sauniers, lunatiques, folz, ecervelez, acariastres, esvantez, courratiers, postez, laquays, nacquetz, matelotz, chevaucheurs de escurye, alleboteurs, n'auront ceste année guères d'arrest. Toutesfoys ne yront tant de Lifrelofres à sainct Hiaccho comme feirent l'an D.xxiiii. Il descendra grand abundance de micquelotz des montaignes de Savoye, & de auvergne: mais Sagitarius les menasse des mules aux talons.

 

De l'estat d'aulcuns pays.

Chapitre vi.

Le noble royaulme de France prosperera & triumphera ceste année en tous plaisirs & delices, tellement que les nations estranges voluntiers se y retireront.

Petitz bancquetz, petitz esbatemens, milles ioyeusetez se y feront où un chascun prendra plaisir, on n'y veit oncques tant de vins ny plus frians, force raves en Lymousin, force chastaignes en Perigort, & Daulphiné, force olyves en Languegoth, force sables en Olone, force poissons en la mer, force estoilles au ciel, force sel en Brouage.

Planté de bledz, legumaiges, fruitages, iardinaiges, beurres, laictaiges, & nulle peste, nulle guerre, nul ennuy, bren de pauvreté, bren de soucy, bren de melancholie, & ces vieulx doubles ducatz, nobles à la rose, angelotz: aigrefins, royaulx, & moutons à la grand laine, retourneront en usance avecques planté de Serapz & escuz au soleil.

Toutesfoys sus le meillieu de l'esté, sera à redoubter quelque venue de pusses noyres & cheussons de la Devinière. Adeo nihil est ex omni parte beatum. Mais il les fauldra brider à force de collations vespertines.

Italie, Romanie, Naples, Sicile, demoureront où elles estoient l'an passé. Ilz songeront bien profundement vers la fin du karesme, et resveront quelquesfoys vers le hault du iour.

Allemaigne, Souisses, Saxe, Strasbourg, Anvers etc. profiteront s'ilz ne faillent: les porteurs de rogatons les doibvent redoubter, & ceste année ne se y fonderont pas beaucoup de anniversaires.

Hespaigne, Castille, Portugal, Arragon seront bien subiectz à soubdaines alterations, & craindront de mourir bien fort autant les ieunes que les vieulx, & pourtant se tiendront chaudement & souvent compteront leurs escutz, s'ilz en ont.

Angleterre, Escosse, les Estrelins seront assez mauvais Pantagruelistes. Autant sain leur seroit le vin que la bière, pourveu qu'il soit bon & friant. A toutes tables leur espoir sera en l'arrière ieu. Sainct Treignan Descosse fera de miracles tant & plus. Mais des chandelles qu'on luy portera, il ne verra goutte plus clair, si Aries ascendant de sa busche ne trebusche, & n'est de sa corne escorné.

Moscovites, Indiens, Perses, & Troglodytes souvent auront la cacquesangue, par ce qu'ilz ne vouldront estre par les Romanistes belinez, attendu le bal de Sagittarius ascendant.

Bohesmes, Iuifz, Egyptiens ne seront pas ceste année reduictz en plate forme de leur attente. Venus les menasse aigrement des escrouelles guorgerines mais ilz condescendront au vueil du roy des parpaillons.

Escargotz, Sarabovytes, Cauquemarres, Canibales seront fort molestez des mousches bovynes & peu ioueront des cymbales & manequins, si le Guaiac n'est de requeste.

Austriche, Hongrie, Turquie, par ma foy mes bons hillotz ie ne sçay comment ilz se porteront, & bien peu m'en soucie veu la brave entrée du Soleil en Capricorne, & si plus en sçavez ne dictes mot, mais attendez la venue du boyteux.

 

Des quatre saisons de l'année.

Et premierement du printemps.

Chapitre vii.

En toute ceste année ne sera qu'une Lune, encores ne sera elle poinct nouvelle, vous en estes bien marriz vous aultres qui ne croyez mie en dieu, qui persecutez sa saincte & divine parolle, ensemble ceulx qui la maintiennent.

Mais allez vous pendre, ia ne sera aultre lune que celle laquelle dieu crea au commencement du monde, & laquelle par l'effect de sadicte sacrée parolle a esté establie au firmament pour luyre et guider les humains de nuyct. Ma Dia ie ne veulx par ce inferer qu'elle ne monstre à la terre et gens terrestres diminution, ou accroissement de sa clarté, selon qu'elle approchera ou s'esloignera du Soleil.

Car, pourquoy? Pour autant que etc.

Et plus pour elle ne priez que dieu la garde des loups car ilz ne y toucheront de cest an. Ie vous assie. A propos: vous verrez, ceste saison à moitié plus de fleurs qu'en toutes les troys aultres. Et ne sera reputé fol cil qui en ce temps fera sa provision d'argent mieux que de harancs toute l'année.

Les gryphons & marrons des montaignes de Savoye, Daulphiné & hyperborées qui ont neiges sempiternelles seront frustrez de ceste saison & n'en auront point, selon l'opinion de Avicenne qui dict que le printemps est lors que les neiges tombent des monts. Croyez ce porteur.

De mon temps l'on contoyt Ver, quand le soleil entroit on premier degré de Aries. Si maintenant on le compte autrement, ie passe comdemnation. Et ioue mot.

 

De l'esté.

Chapitre viii.

En esté ie ne sçay quel vent courra, mais ie sçay bien qu'il doibt fayre chault, et regner vent marin.

Toutesfoys si aultrement arrive, pour tant ne fauldra renier Dieu. Car il est plus saige que nous. Et sçayt trop mieulx ce que nous est necessaire, que nous mesmes, ie vous en asseure sus mon honneur. Quoy que ayt dict Haly, & ses suppotz. Beau fera se tenir ioyeux, et boyre frays. Combien qu'aulcuns ayent dict, qu'il n'est chose plus contraire à la soif. Ie le croy. Aussi contraria contrariis curantur.

 

De l'automne.

Chapitre ix.

En automne l'on vendengera, ou d'avant ou après ce m'est tout un pourveu que ayons du piot à suffisance.

Les cuydez seront de saison, car tel cuydera vessir qui baudement fiantera. Ceulx & celles qui ont voué ieuner ieusnes iusques à ce que les estoilles soient au ciel, à heure presente peuvent bien repaistre par mon octroy, & dispense. Encores ont ilz beaucoup tardé: car elles y sont devant seize mille et ne sçay quantz iours. Ie vous diz bien atachées.

Et n'esperez dorenavant prendre les alouettes à la cheute du ciel, car il ne tombera de vostre aage, sus mon honneur.

Cagotz, caffars & porteurs de rogatons, perpetuons, & aultres telles triquedondaines, sortiront de leurs tesnières. Chascun se guarde qui vouldra.

Guardez vous aussi des arestes quand vous mangerez du poisson, et de poison Dieu vous en guarde.

 

De l'hyver.

Chapitre x.

En hyver scelon mon petit entendement ne seront saiges ceulx qui vendront leurs pelisses & fourrures pour achapter boys. Et ainsi ne faisoient les Antiques, comme tesmoigne Avenzouar.

Sil pleut, ne vous en melancholiez: car tant moins aurez vous de pouldre pour chemin. Tenez vous chauldement. Redoubtez les catarrhes. Beuvez du meilleur, attendans que l'aultre amendera.

Et ne chiez plus dorenavant on lict. O O poulailles faictes vous voz nids tant hault?

FINIS.